Les effets controversés de l'intéressement |
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Une formule qui concerne 15 % des salariés |
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a meilleure idée depuis Keynes. En 1983, le New York Times encensait les théories de Weitzman sur l'économie de partage. Selon l'auteur de The Simple Macroeconomies Implications of Profil Sharing, l'ensemble des procédés visant à associer les salariés aux résultats de l'entreprise se traduit par une augmentation conjointe des profits et des salaires et s'accompagne d'économies d'échelle. Tout aussi exemplaires, les effets macroéconomiques : réduction du chômage, augmentation du savoir-faire et, par contrecoup, de la productivité. En un mot : la panacée. |
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La France, sous l'impulsion du général de Gaulle, a connu, dès 1959, des formules d'intéressement. En janvier 1992, près de onze mille entreprises employant deux millions de personnes (15 % de l'ensemble des salariés) appliquaient des accords d'intéressement. Un principe simplissime ; l'entreprise améliore ses performances et les employés se voient gratifiés de suppléments de salaire. Autre système de primes collectives, celui de la participation. Obligatoire pour les entreprises de plus de cinquante employés, elle permet aux salariés de recevoir des primes calculées au prorata des bénéfices. Bloquées pendant cinq ans sur un plan d'épargne d'entreprise, les primes versées à ce titre sont exonérées d'impôts. Les critères retenus dans les deux cas peuvent être la qualité des produits, la productivité, les résultats financiers. |
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L’intéressement doit également respecter le principe de "non-substitution", il ne peut remplacer aucun élément du salaire tel que les primes préexistantes. Parangon de l'économie de partage : le Japon, où les primes représentent 25 % de la rémunération dans les entreprises de plus de trente salariés. Au palmarès des sociétés pratiquant l'intéressement établi ce mois-ci par notre confrère Capital, les premières places sont occupées par les groupes industriels privés qui distribuent en moyenne de 1,3 à 3 mois de salaires supplémentaires (Sopad Nestlé, Gervais-Danone, Lafarge Coppée). Champion toutes catégories de ce classement : Clarins, qui a versé, en 1991, jusqu'à 18,3 mois de salaires à certains de ses non-cadres ; la moyenne, pour la firme de cosmétiques, s'élevant à 4,5 mois supplémentaires. Un record ! |
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Le rapprochement de deux études, l'une concernant l'enquête annuelle d'entreprise et l'autre menée par Rexecode, conduit à la conclusion que les sociétés pratiquant l'intéressement peuvent revendiquer une valeur ajoutée par tête et un taux de marge supérieurs ; ses effectifs croissent plus vite, ainsi que sa productivité. Les théories séduisantes de Weitzman confrontées à l'expérience n'ont cependant pas tous les résultats escomptés, notamment l'impact sur le chômage, loin d'être évident. En effet, pour fonctionner à plein, les salaires de base doivent être très bas, condition sine qua non du retour du plein emploi. Ce qui n’est pas le cas de la France. Selon l'institut de conjoncture, les théories de Weitzman reposent sur "une conception très simplificatrice du marché du travail et du comportement des entreprises ". De plus, lié aux résultats financiers, l'intéressement subit de plein fouet l'actuelle récession. En 1991, les salariés d'IBM France ont touché grâce à l’intéressement la somme de... 0 franc. |
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Article publié par la Tribune Desfossés
(1992) |