Suppeeeeeerrr !


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Entretien avec Charles Olegziniack, alias Charly Oleg, alias Charly. Pianiste préféré de Pascal Sevran pour sa Chance aux chansons, Charly est devenu une gloire hexagonale grâce à son passage quotidien à Tournez manèges où, à l'aide de son orgue Hammond, il essaye de faire deviner à des couples hauts en couleurs (Georges et Marinette, retraités, mariés depuis 37 ans), les incunables de la variétoche.

es gens ne vous connaissent pas bien. Pouvez-vous me dire quelques mots sur votre enfance, sur votre formation musicale?
Je suis né dans l'est de La France à Hayange, une ville métallurgique où chaque fois que l'on ouvrait la fenêtre, on avait l'impression de respirer un air aussi pur que celui qui sort du pot d'échappement d'une voiture. Mon père, pianiste, était d'origine polonaise et ma mère germano-italienne. D'ailleurs durant la plus grande partie de mon enfance, je n'ai parlé qu'allemand. C'était la guerre, la Lorraine était redevenue allemande à part entière. J'ai quitté le foyer familial très tôt. A quatorze ans. Je suis monté à Metz où j'ai intégré le Conservatoire. Mon grand avantage c'était que j'avais l'oreille absolue -les musiciens comprendront. A seize ans je décroche un premier prix de piano, à seize ans et demi j'obtiens un premier prix d'excellence.

Vous vous destiniez donc à une carrière de concertiste?
Oui, mais comme j'avais besoin d'argent, ma famille ne pouvant m'aider, étant d'une condition plus que modeste, j'ai commencé à jouer dans les cabarets, les bals populaires. Et de fil en aiguille, j'ai acquis une certaine notoriété. Je jouais dans tout l'est de la France : Nancy, EpinaI, Mulhouse. J'étais très demandé. C'était l'âge d'or du bal musette. C'était la seule occasion qu'avaient les gens d'écouter de la musique, d'assister à un spectacle. Rares étaient ceux qui avaient les moyens de s'offrir un tourne-disques et encore moins une télévision.

Un jour, vous décidez de monter à Paris.
La première fois que j'y suis venu, c'était pour une partie de ping-pong à l'âge de quinze ans et demi. J'avais perdu et comme je n'aime pas rester sur un échec je suis revenu avec la ferme intention de réussir quelque chose dans la Capitale. Je me suis installé définitivement à vingt ans. Précédé par ma réputation d'accompagnateur, j'ai eu des contacts très rapidement. Les premières grosses pointures avec lesquelles j'ai travaillé furent Henry Jeunesse (un chansonnier très en vogue durant les années 50. NDLR) et surtout Joséphine Baker.

Vous avez également été le pianiste de Mireille Mathieu. Comment l'avez-vous rencontrée ?
En fait, c'est un concours de circonstances qui a voulu que je sois l'un des premiers accompagnateurs de Mireille. Un jour, il devait être 11 heures du soir, mon téléphone sonne. J'ai un responsable de l'émission Télé Dimanche au bout du fil. Il me supplie de venir remplacer le pianiste du Jeu de la chance qui était tombé malade. J'accepte. L'émission, un crochet, était l'une des plus populaires de l'époque. Ce jour-là, dans la salle étaient présents les deux responsables de Télé Dimanche : Johnny Starck et Raymond Marcillac. Après l' émission -où tout s'était très bien passé- je me suis retrouvé embauché avec un contrat à durée indéterminée. C'est grâce à cette émission que j'ai pu accompagner les premiers pas d'artistes aussi prometteurs que Georgette Lemaire, Thierry le Luron et bien sûr Mireille Mathieu avec laquelle j'ai accepté de travailler à l'occasion de nombreux galas. Le Jeu de la chance me comblait au-delà de mes espérances : j'étais très bien payé et surtout j'y rencontrai Zina, une des concurrentes, qui allait devenir ma femme. La célébrité que m'a conférée l'émission a dû également entrer pour une large part dans la décision qu'ont prise Enrico Macias et Charles Aznavour de me choisir pour leur Olympia.

Le Jeu de la chance n'a pas été la seule des émissions télévisées auxquelles vous ayez participées ?
Non, j'ai également participé, dans les années 70, à une émission qui s'appelait Bienvenue animée par Guy Béart. Une émission formidable qui m'a permis de jouer avec les plus grands jazzmen américains -le jazz étant une de mes plus grandes passions. J'ai pu faire le boeuf avec Lionel Hampton, Stan Getz et même Duke Ellington pour ne citer que les plus connus. Sur le plateau de cette émission j'ai pu rencontrer des gens aussi étonnants que Simone Signoret ou Michel Simon.

Aujourd'hui, le public vous associe principalement à Tournez Manèges. Ca ne vous gêne pas d'être reconnu pour une émission aussi populaire ?
Non, pas du tout. J'ai toujours aimé le populaire. Je n'ai jamais oublié que le milieu dont je suis issu était très modeste (...) Tournez Manèges, à l'origine, ne devait durer que trois mois mais, devant le succès rencontré, les dirigeants de la chaîne ont décidé de conserver l'émission. Avec près de 12 % d'audience et un tout petit budget de fonctionnement, c'est l'émission la plus rentable de TF1. L'avantage de cette émission -qui est enregistrée longtemps à l' avance- c'est qu'elle me laisse une grande liberté. Liberté que je mets à profit pour toucher à tout, animer des galas, enregistrer une cassette pour mes enfants, participer à une multitude de projets. Actuellement j'enregistre, pour Canal Plus, la musique d'une vidéo qui sera diffusée au mois de janvier et qui s'intitule La véritable histoire de la guerre du Golfe. C'est une émission pastiche de type Téléthon qui (il lit la brochure de l'émission) retracera "l'espace-temps amniotique d'une télévision mythique".

Justement pour en rester à Canal Plus. Comment avez-vous apprécié la caricature qu'a faite de vous Michel Blanc dans Les Nuls, l'Emission ?
Je me suis tout a fait retrouvé, c'était exactement moi avec tous mes tics, mes habitudes et mes défauts. C'était SUUUPERRR !

Pige pour un magazine télé de Seine-Saint-Denis